« Tant qu’il y aura des cèdres » est le second roman de Pierre Jarawan. Le premier n’a pas été traduit en français. Cet écrivain, né en Jordanie d’une mère allemande et d’un père libanais, est connu en Allemagne en tant que slameur. En 2021, il a reçu « le prix des lecteurs du livre de poche » pour ce roman paru juste avant le premier confinement. Malheureusement, il est resté méconnu alors qu'il a tous les ingrédients pour nous faire passer un excellent moment de lecture.
L’histoire commence en Allemagne où le petit Samir est entouré de ses parents Brahim et Rana qui ont fui la guerre au Liban. Ils vivent heureux comme le peuvent les immigrés dans un quartier où habitent plusieurs familles réfugiées, dont celle de l’ami de Brahim, Hakim, qui vit avec sa fille Yasmin.
Brahim est un fabuleux conteur ; grâce à ses histoires, il transmet à son fils l’histoire du Liban, pays que ne connaît absolument pas Samir. Un soir, Brahim disparaît brutalement sans laisser la moindre explication, laissant Rana et Samir, alors âgé de huit ans, seuls avec leur immense peine.
Les années passent et Samir comprend qu’il ne pourra être heureux que lorsqu’il aura découvert ce qui est arrivé à son père. Commence alors pour Samir, une quête identitaire qui l'amène sur la terre de ses ancêtres : le Liban.
Une fois sur place, Samir se rend compte rapidement que les contes que son père lui narrait tous les soirs étaient en réalité un jeu de piste et que, grâce à ses souvenirs et aux indices laissés, il pourra découvrir bien des secrets entourant sa famille. Va-t-il comprendre ce qui est arrivé à son père ? Pourquoi celui-ci est-il parti si soudainement ?
Au travers de ce roman, Pierre Jarawan nous raconte le Liban sans jamais décrire la guerre dans ce qu'elle a de plus horrible. Bien au contraire, il nous dépeint le Liban avec tellement de détails, de précisions, par des mots bien choisis que nous avons l’impression de sentir l’odeur des cèdres, page après page, d'entendre la foule de Beyrouth, d’être là-bas avec Samir. La narration est telle que nous avons l’impression que c’est Brahim le conteur qui nous raconte le Liban. C’est une fresque historique et politique passionnante.
J’ai vraiment passé un très beau moment de lecture, agrémenté d'une excellente surprise ! Bref, encore un auteur que je vais suivre !
Bonne lecture !
Béatrice Guiseppone
Tant qu’il y aura des cèdres – Pierre Jarawan – Ed Héloïse d’Ormesson – 02/2020 – 490 pages
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