Philippe Torreton, né en 1965, est un acteur de théâtre et de cinéma que tout le monde connaît. Il s’est essayé à la mise en scène pour le théâtre et a reçu plusieurs prix au cours de sa carrière dont un César et un Molière.
Sa carrière d’écrivain « édité » commence en 2004 et c’est en 2014 qu’il va publier le célèbre « Mémé » qui est un hommage à sa grand-mère maternelle. Il touche à tout avec réussite et bonheur. Le livre que je vous présente aujourd’hui est le septième de l’auteur.
Nous sommes en France en 1913, Jean Fournier a 20 ans. Il doit abandonner ses études car ses parents ont peu de moyens financiers. Il travaille dans un établissement bancaire jusqu’à ce qu’il soit mobilisé, en 1914, et qu’il rejoigne la Meuse où les combats font rage.
En 1920, le voilà démobilisé et de retour à la vie civile. Tant d’autres y sont restés, et lui, il est là. Mais intérieurement, il est détruit. Sa réalité n’est plus celle des autres.
Il réintègre son poste au Comptoir National d’Escompte de Paris. Son emploi consiste à vérifier que les signatures et tampons sont bien apposés sur les documents puis de les transmettre au responsable des archives qui va les classer définitivement. Ce métier peu valorisant lui plaît car il peut laisser son esprit vagabonder. Vagabonder est un faible mot. Il revoit ses camarades morts au combat, les situations dramatiques qu’il a vécues, ces corps disloqués, les animaux achevés… Tant d’horreurs… La guerre n’a pas tué que ceux qui ne sont pas revenus.
Il ne parle quasiment jamais. Ses collègues le classent dans les « divers et les bizarres », avec indulgence car chacun sait d’où il revient.
Sa vie va tout à coup être bouleversée par sa rencontre avec Alice qui n’est autre que la fille de Monsieur Rostaing, Président de la banque. Le coup foudre réciproque va, au grand dam des parents de la demoiselle, les conduire rapidement au mariage.
L’auteur nous fait vivre l’amour puissant de ce couple, entrecoupé par cette terrible guerre qui est revécue sans arrêt par Jean et qui l’empêche d’accéder pleinement au bonheur.
Philippe Torreton va mêler à ce récit celui d’un berger que Jean a rencontré en 1913, en se promenant dans l’arrière-pays, dans « ces landes où se mêlent l’alpin et le provençal ».
Le mélange de ces trois éléments, la guerre, l’amour et le berger, va permettre à Jean d’accéder à une forme de paix et de bonheur. Je ne vous en dévoile pas plus car cela gâcherait votre plaisir.
Lorsque j’ai commencé la lecture de ce roman, j’étais perdue. Philippe Torreton sème, dès les premières lignes, des indices, des détails que l’on ne sait pas où ranger. Les événements passent, les années défilent mais pas dans l’ordre convenu. Il faut être attentif afin de pouvoir compléter le puzzle que représente la vie de Jean.
Je lisais lentement au début mais arriver à mi-chemin, j’ai dévoré ce livre tant j’avais hâte de connaître la fin !
Le style est recherché, soutenu. Il fallait cela eut égard à la période évoquée. J’ai été séduite par l’écriture de Philippe Torreton.
Il fait une belle dédicace à Jean Giono à la fin du livre. Une rencontre et un cadeau qui vont aider à la construction intérieure d’un homme. C’est l’auteur qui le dit et on veut bien le croire !
Fançoise Fesneau
Une certaine raison de vivre – Philippe Torreton – Robert Laffont – 08/2021 – 320 pages
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