Bienvenue au pays de la Teranga !
Avec ce nouveau roman, Sangs mêlés, Fanny Campan, enseignante, comédienne, et romancière, vivant au Burkina Faso, nous invite au Sénégal à la rencontre de Salimata, jeune étudiante sénégalaise à Dakar et de Ma’blanche, sa mère d’adoption, néerlandaise.
Avant d’aller plus loin dans le roman et ce qu’il nous entraine à découvrir, quelques mots sur Fanny Campan que le blog "Au plaisir de lire" a rencontré lors du 1er salon du Livre Africain de Paris (dont nous reparlerons prochainement). Fanny est un condensé d’énergies positives. Elle voit la vie en mille et une couleurs, et l’écouter est dynamisant.. Elle déborde d’idées, de projets. Mais je vous laisse la découvrir plus encore dans l’interview que nous lui consacrons (lire l’interview).
Salimata, que tout le monde appelle Sali, née de parents africains, a vécu toute son enfance dans un orphelinat tenu par des religieuses, orphelinat financé par Klara et ses réseaux. Elle est étudiante en psychologie, a des relations compliquées avec sa mère d’adoption. Un peu boulote, elle n’est pas très bien dans sa peau, d’autant qu’elle se révèle être lesbienne, ce qui passe mal dans un pays majoritairement musulman et où la relation homosexuelle est vécue comme étant contre nature.
Ma’blanche, née Klara van Kroonhart , ou encore Klara Saint-Dior, ex épouse du neveu du président sénégalais Oscar Saint Dior, (Léopold Sedar Senghor ne semble pas très loin…), est une femme au passé impressionnant et à la vie complexe. Elle a vécu en Indonésie, en Éthiopie, a connu l’empereur d’Éthiopie - le Ras Tafari - qui était un modèle pour elle.
Sali ne sait pas tout de sa Toubab. Il reste de nombreuses zones d’ombres qu’elle aimerait découvrir pour aussi mieux se connaître elle-même. Elle entreprend pour cela d’écrire la vie de celle qui a fait d’elle sa fille.
« Klara s’active dans la cuisine pendant que je lui expose mon projet. – Ma chérie, je cherchais justement un nègre ! - On dit porte-plume, Maman » (p15)
Le livre part alors dans un aller-retour permanent entre l’écriture du roman nous faisant découvrir peu à peu la vie de Klara, et la vie quotidienne de Sali. De Klara on découvre sa jeunesse en Éthiopie, sa rencontre avec Jérémie, qui deviendra son mari et la vie qu’il lui fera subir. Et l’on va de surprise en surprise.
Sali elle nous emmène à la rencontre de ses amis Pape, Disquette, Souleymane, et tous les autres. Un condensé de la jeunesse Dakaroise dans toute sa diversité.
En découvrant la vie de Klara, j’avais en mémoire celles de deux femmes : Karen Blixen, sa vie en Afrique retracée dans son livre « La ferme Africaine », oscarisé au cinéma avec le film « Out of Africa », et Colette Hubert Senghor, femme blanche d’origine normande, mariée au président poète Léopold Sedar Senghor.
Ce roman est aussi une quête… Une quête de soi, mieux se connaître, mieux connaitre son passé pour aller de l’avant, pour continuer à se construire et affronter l’avenir. Sali en a besoin pour son avenir, et Klara pour évacuer son passé.
Cela conduit Sali et Ma’Blanche à se livrer, se confier l‘une à l’autre, comme un exorcisme salvateur.
Le livre est parsemé d’expression en Wolof, la langue principale du Sénégal. Cela le rend encore plus humain, plus quotidien, car c’est l’un des charmes de ce livre. L’écriture de Fanny Campan, est sobre, directe, sans fioritures inutiles. Elle donne à l’écrit la simplicité du langage parlé comme pour mieux embarquer le lecteur dans son histoire.
Car ce roman est une belle histoire, une belle narration, une belle déclaration d'amour faite au Sénégal de la part de l’auteure. Elle aime ce continent où elle a vécu la majeure partie de sa vie.
Sali et Ma’Blanche, ce peut-être vous et moi, au détour d’une vie, en France ou au Sénégal, peu importe. Car nous avons tous notre Teranga !
Bonne Lecture !
Pascal François
Sangs mêlés – Fanny Campan - Les lettres mouchetées – 05/2021 – 187 pages
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