« Prince de rien, prince de nulle part » mais devenu Philippe de Mountbatten, duc d’Edimbourg, prince du Royaume Uni et mari de la reine Elisabeth II d’Angleterre. Tel fut le destin du jeune Philippe de Grèce et de Danemark, décédé le 9 Avril dernier.
En apprenant le décès du Duc d’Edimboug, je me suis rappelé le livre de Philippe Delorme, « Philippe d’Edimbourg, une vie au service de sa Majesté » que j’avais lu au moment de sa parution au Printemps 2017. J’en ai fait une relecture rapide pour vous en parler aujourd’hui, jour de ses obsèques au Château de Windsor.
Philippe de Grèce, prince de Grèce et de Danemark, est le fils du prince André de Grèce, frère du roi de Grèce Georges II, et de la princesse Alice de Battenberg, née au château de Windsor, elle-même arrière-petite-fille de la reine Victoria. Si sa naissance le prédestinait à la vie d'une jeunesse dorée du Gotha européen de la première moitié du XX° siècle, l’histoire en décidera autrement.
Le livre de Philippe Delorme nous raconte l’extraordinaire destin d’un jeune prince quasiment apatride qui sera pendant 74 ans le mari d’Elisabeth II d’Angleterre.
Et quel destin, sans doute l’un des derniers des familles royales européennes à être aussi romanesque ! Le livre évoque également les aspects psychologiques de cet aristocrate, exigeant avec lui-même et avec les siens.
Comment être toute sa vie deux pas derrière une reine quand on rêvait d’une carrière de commandement dans la Royal Navy ?
Né le 10 Juin 1921 à Corfou au palais Mon Repos, sa famille doit quitter l’ile un an plus tard, la vie de son père menacée par le nouveau régime politique en place, la monarchie grecque ayant été destituée. C’est un navire de la Royal Navy, le HMS Calypso, qui embarquera Philippe et sa famille vers la France où ils s’installent à Saint Cloud, dans une maison prêtée par la princesse Marie Bonaparte, riche tante de la famille. Sa famille se désagrège rapidement laissant l'enfant quasiment sans parent.
En 1930, âgé de 9 ans il est envoyé en Grande Bretagne et intègre la Cheam School, vivant auprès de son oncle Georges Mountbatten. En 1933, il rejoint ses sœurs installées en Allemagne, où il est scolarisé à la Schule Schloss Salem fondée par le pédagogue juif allemand Kurt Hahn, école qui accueille les enfants du gotha européen. En 1934, Philippe rejoint l’Ecosse à Gordonstoun, collège fondé par Kurt Hahn qui a dû fuir le régime nazi. Il y vit une scolarité épanouissante, notamment grâce aux nombreuses activités sportives où il excelle. C’est là aussi que nait sa passion pour la marine.
C’est durant cette période que ces camarades de classe le surnomme « Prince de rien, Prince de nulle part », compte tenu de son parcours d’errance…
1939 est l’année de l’entrée dans la Royal Navy, à Dartmouth au Britannia Royal Naval College, où il fera une scolarité brillante. La même année, lors d’une visite du collège par le roi Georges VI, il fait la connaissance d'Elisabeth, qui n’a alors que 13 ans. Le physique de jeune prince nordique de Philippe semble déjà charmer la jeune princesse. Une ydille débutera peu à près, entretenue par une correspondance entre les deux jeunes gens tout au long de la seconde guerre mondiale.
Le 20 novembre 1947, Elisabeth et Philippe se marient à Westminter Abbaye, malgré la réticence initiale du roi, après que Philippe aie pris la nationalité britannique, le nom de Mountbatten et se soit converti à l’anglicanisme. Il recevra le jour de son mariage le titre de duc d’Edimbourg, et le prédicat d’Altesse Royale.
En tournée avec la princesse Elisabeth au Kenya, sa vie bascule le 6 Février 1952, au dècès de son beau-père, Elisabeth devenant reine d’Angleterre. De chef de famille princière, il devient prince consort, devant se tenir deux pas derrière elle.
Il passera le reste de sa vie à soutenir, sa femme, à être "son roc" comme elle aimait à leproblèmeclle dirigera le pays quand il s’occupera de l‘éducation de ses enfants, avec parfois de fortes tensions, notamment avec le psrince Charles, jeune homme sensible au tempérament opposé de son père.
Sa vie familiale ne sera pas toujours un long fleuve tranquille, entre rumeurs d’adultère, problèmes de positionnement , de nom face à sa royale épouse. « Je suis donc le seul homme du pays qui ne peut pas donner son nom à ses enfants » dira-til un jour. « Je ne suis qu’une foutue amibe, ici »
Cet homme aux idées plutôt modernes, tiendra tout au long de sa vie plus de 20 000 engagements officiels au service de son pays et de la couronne. Spécialiste des gaffes en public, il soutiendra coûte que coûte la reine dans ses choix, ses décisions même si certaines sont parfois difficiles à accepter.
Le livre revient sur le personnage et nous montre qu’il n’en reste pas moins un aristocrate réactionnaire, pour qui la valeur ultime est celle du sens du devoir. Ses vieilles valeurs aristocratiques constituent probablement un élément de réponse au choix de vie qui fut le sien, épousant une jeune femme dont il savait qu’un jour elle passerait en premier, lui deux pas derrière elle.
Est-ce aussi une revanche aussi sur sa jeunesse, passant de jeune prince errant à celui de second personnage du royaume ? On ne connaitra jamais les ressorts intimes de Philippe...
Second d’un royaume mais premier dans les discours de la reine qui commençait ceux-ci très fréquemment par « My Husband and I, … », et aussi premier dans le cœur de la reine car ce mariage a bien été pour elle un mariage d’amour.
Un livre à lire pour les amoureux de la famille royale britannique, découvrir la vie romanesque d’un homme qui a véritablement pris en mains son destin, et qui est devenu l’une des personnes les plus connues au monde, ayant traversé un siècle d’histoire !
Bonne Lecture !
Pascal Francois
Philippe d'Edimbourg, une vie au service de sa Majesté - Philippe Delorme - éditions Taillandier – 05/2017 – 268 pages
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