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Oublier les fleurs sauvages - de Céline Bentz

  • Photo du rédacteur: Pascal Francois
    Pascal Francois
  • 24 août 2021
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 25 août 2021


La jeune maison d'éditions Préludes s’est donnée comme orientation de repérer de nouveaux talents français et étrangers, et de les réunir autour d’une ligne éditoriale délibérément romanesque avec comme ligne directrice des coups de cœur et des rencontres littéraires.


Elle propose pour cette rentrée le premier roman de Céline Bentz, « Oublier les fleurs sauvages ». Un roman dont le cadre principal est le pays du Cèdre, où l’auteure a une partie de ses origines familiales. Elle puise dans celles-ci l’essence du roman, la difficulté d’être soi, de conserver une identité dans la tourmente et l’espoir que le meilleur est toujours possible.


1984, la guerre civile interconfessionnelle libanaise dure déjà depuis près de 15 ans. Le pays est dans un état de délabrement avancé. Il est déchiré, fracturé par des luttes de pouvoir. Cela n’empêche pas Amal, jeune libanaise musulmane sunnite, d’avoir des rêves, des envies, de croire en l’avenir.


Elle est proche du PCL ( Parti Communiste Libanais), échange beaucoup avec l’un de ses frères Yacine, militant actif du PCL ainsi qu'avec sa meilleure amie Salima qui veut faire des études de droit. Elle rêve d’un autre Liban, loin des absurdités confessionnelles, d’un Liban libre où chacun pourrait vivre comme il l’entend. Et a une forte volonté d’ascension sociale.


Elle vit avec sa famille à Saïda, petite ville du Liban Sud, à environ 100 km de Beyrouth. Ses parents, Ahmad, et Didda sont venus s’y installer après avoir été expulsés, il y a près de 20 ans, de leurs terres ancestrales dans le Golan suite à l’invasion israélienne.


Tous deux illettrés, exerçant de petits métiers, ce sont des gens humbles pour qui le travail, l’honneur, et la famille sont des valeurs importantes. Au prix de beaucoup de sacrifices, Ils ont toujours voulu le meilleur pour leurs enfants et poussent Amal, élève brillante, à faire des études de Médecine en France où est installé Abbas, un grand frère architecte qui a réussi.


Au cours du dernier été libanais, avant son départ pour la France, elle rencontre l’amour avec Youssef, un jeune libanais chrétien maronite. Un amour interdit. Quand on est une jeune femme musulmane, on ne se marie que dans sa communauté. Un amour qu’elle cache à sa famille et qui va lui faire découvrir un autre Liban, celui d’un orient riche, agréable, qui semble facile à vivre, alors qu’elle est issue d’un milieu modeste, où chaque jour est un combat.


Après des adieux familiaux à l’aéroport de Damas, viennent les années françaises où Amal poursuit ses études. Des années difficiles, l’apprentissage de la langue, l’intégration d’une nouvelle culture, qu’elle surmontera grâce à une farouche volonté et la nécessité de ne pas décevoir sa famille restée au Liban.


Toute la force de ce roman est dans le récit d’opposition des cultures, du poids des traditions, et l’envie d’un autre avenir. Opposition entre l’orient et l’occident. Un occident, la France, qui respire la liberté, l’absence de contraintes, et un orient, le Liban, où l’on est enfermé dans des cases par le poids de traditions, de la religion, de la culture, du conformisme.


Face à cela une jeune femme, Amal, lutte intérieurement. Elle aime son pays, sa famille, même si elle sait que cela l’enferme. Elle est prête à braver certains interdits pour vivre la vie qu’elle entend avoir.


Mais peut-on tout renier pour être soi ? Les idéaux peuvent-ils gagner au risque de se retrouver seule, exclue ? Ou bien la famille va t-elle finir par l’emporter ? C’est le choix cornélien qui va se poser à Amal…


Un beau premier roman prenant, bien écrit. Certaines descriptions, pour qui connaît le Proche Orient, sont visuelles, olfactives et donnent le sentiment d’être parmi les personnages.


« Oublier les fleurs sauvages » c’est oublier un peu le Liban, ses propres racines pour se mieux se fondre dans un ailleurs qui n’est pas soi mais auquel on aspire… Mais être soi, est-ce être fidèle aux traditions, ou bien est-ce avoir la capacité d’intégrer la différence et d'en tirer le meilleur des deux ?


Bonne Lecture !


Pascal François


Oublier les fleurs sauvages - Céline Bentz - éditions Préludes - 08/2021 - 346 pages



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