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Photo du rédacteurPauline Julou

Le tour d'écrou - d'Henry James


Un grand classique à la carte ce jour. Le tour d’écrou d’Henry James, initialement publié sous le titre The turn of the Screw en 1898, est une œuvre qui marqua les esprits et qui est encore aujourd’hui à l’origine de nombreuses adaptations cinématographiques.


On compte parmi elles, l’adaptation la plus connue The innocents réalisée par Jack Clayton en 1961, qui est considérée comme un chef-d’œuvre du cinéma d’horreur, ou encore une adaptation en série plus récente et un peu alambiquée, The Haunting of Bly Manor de Mike Flanagan.


L’œuvre originale a été largement saluée par la critique lors de sa publication, notamment par des auteurs tels qu’Oscar Wilde ou encore plus tard par Jorge Luis Borges.


Ce livre d’Henry James est une histoire qui se veut fantastique, mais plus largement une réflexion sur la nuance entre réalité et imaginaire. Tout le roman joue sur l’interprétation du lecteur, tantôt surnaturelle, tantôt plus rationnelle. Le lecteur se demande sans cesse où est la vérité et où il peut situer son analyse. Le style d’écriture de l’auteur est très recherché et correspond bien à celui du 19e de part le raffinement esthétique du roman et son souci de la perfection. On a pu le qualifier de « Flaubert américain ». En effet, il s’agit de phrases assez longues et recherchées, on y remarque une poésie certaine. Rassurez-vous, cela n’entache en rien l’intrigue et ne ralentit pas le lecteur dans sa compréhension.


L’œuvre en elle-même est un enchâssement de narrations puisque l’histoire nous est racontée après être passée par différents prismes, différents narrateurs.


En effet, la gouvernante des enfants écrit ce qu’elle a vécu, quelques années plus tard, et transmets son journal à Douglas avant de décéder. C’est ce dernier qui va lire à ses amis les aventures de cette dernière lors d’une soirée au coin du feu. C’est de cette soirée et du récit raconté par Douglas que nous tirons notre intrigue. Dès le début du récit, le lecteur peut se demander si l’histoire est bien vérifiée. En effet, l’auteur joue sur le fait que le récit est passé entre plusieurs mains pour créer une atmosphère de doutes.

Comment être sûr de la véracité des événements ? Le talent de l’auteur est tout décrit. Il démontre, en installant ce climat d’angoisse dès les premières pages, que la narration du récit est aussi importante que le récit en lui même.


Pour ce qui est de l’histoire en elle-même, le narrateur assiste donc à la soirée organisée par Douglas la veille de Noël et écoute au coin du feu ce dernier conter une histoire de fantômes. Il y a bien des années, une gouvernante a été engagée comme institutrice pour les neveux d’un très riche homme d’affaire londonien. Miles et Flora sont deux enfants adorables qui vivent dans une très grande propriété au beau milieu de la campagne. La jeune femme accepte immédiatement le contrat et se rend donc au manoir. Elle y prend ses marques et une routine s’installe avec les deux jeunes. Le cadre est idyllique, les enfants sont de vrais anges. Petit à petit, elle remarque le changement de comportement de Miles puis de Flora, se trouvant elle-même confrontée à des apparitions étranges.


Le conte de fée semble se transformer en cauchemar. La maison qui paraissait magnifique se dépeint maintenant comme lugubre, les teintes chatoyantes virent à l’insipide, au terne, et le lac si féerique se trouve finalement recouvert d’ombres et de brouillard… l’histoire commence…


Je vous conseille ce livre si vous aimez vous plonger dans les histoires originales, celles qui ont inspirées de nombreux artistes et réalisateurs. Un roman qui est ancien et c’est aussi ce qui en fait son charme.


Pauline Julou


Le tour d’écrou – Ed Stock, Delamain et Boutelleau Paris – 1929 – 216 pages (traduction du texte original paru en 1898 à Londres)


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