L’Art de Perdre ce sont déjà 5 prix littéraires en 2017 dont le prix Goncourt des Lycéens qui donnent le ton sur le succès du livre !
Ce roman historico-biographique nous fait re-parcourir l'histoire de l'Algérie sur plus de 80 ans, des années trente au début du XXI siècle, au travers d'une famille algérienne contrainte à prendre le Ferry d'Alger pour la France un jour de Printemps 1962.
Le grand-père, Ali, montagnard Kabyle, qui a réussi dans la culture de l’olivier sur ses terres familiales en assurant la prospérité de sa famille, ne fait pas de politique mais a fait ''le mauvais choix'', celui d'être harki, convaincu que les rebelles algériens ne seront pas les vainqueurs de demain.
De héros de la seconde guerre mondiale à laquelle il a participé dans un régiment de tirailleurs algériens, de l'homme a qui tout réussit dans son village de Kabylie, il devient l'infréquentable, celui qui doit tout quitter, tout perdre pour sauver sa famille car il n'a pas été de ceux qui ont suivi le FLN.
Le roman nous emmène ensuite, au travers des yeux de Naima la petite fille d’Ali, jeune femme active bien intégrée et travaillant dans une galerie d’Art, à la découverte d'une France embarrassée par les Harkis, qui enferme les familles dans des camps, aux conditions parfois conditions inhumaines, n’offrant que peu de choses à ces déracinés qui avaient cru en elle.
Ce livre c’est aussi l’histoire d’une lente et difficile intégration des générations qui se suivent dans une société différente de celle qui a construit leur identité, jusqu'au voyage de retour de Naima sur les terres natales de la famille, afin que la boucle puisse être bouclée.
Hamid, le fils d’Ali est l’exemple d’une intégration qui semble réussie, en se mariant à une jeune française Clarisse, aimante, attentive, compréhensive, mais elle reste complexe car elle renferme ses zones d’ombre avec un lourd héritage à porter et ses renoncements.
Alice Zeniter, jeune romancière, né de père algérien, retrace dans ce roman à l’écriture dense, intensive, ce que peut être l'art du renoncement, de l'enfermement pour ne pas se perdre, conserver ses valeurs dans un monde que l'on ne connait, ne reconnait pas.
Car l'Art de Perdre c'est aussi l'art du renoncement pour passer le flambeau à la génération d'après et lui permettre de se construire à son tour.
Ce Livre est une belle lecture. Il parle d'une famille qui doit se réinventer pour ne pas se perdre et des heures sombres d'une partie de l'histoire de France, d'une France qui n'a pas su intégrer des français différents, et d'une famille qui poursuit son chemin, génération après génération en essayant de ne pas trop se perdre...
aux Editions Flammarion - 2017
L’auteur :
Alice Zeniter : née en 1986 – diplômée de l’ENS rue d’Ulm – enseignante, romancière, traductrice, scénariste, dramaturge et metteuse en scène de théâtre française. Elle obtient le Prix Goncourt des lycéens 2017 avec son quatrième roman L'Art de Perdre
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