« Vieille dame un peu loufoque loue un appartement meublé à dame de bonne compagnie. Loyer modéré contre menus services. »
C’est par cette annonce originale que Jeanne, une jeune femme effacée qui vient de quitter son mari sur un coup de tête, fait la connaissance de Raymonde, 88 ans, et de son petit-fils Lucas.
Dans ce premier roman plein de tendresse, l’auteur nous raconte la rencontre improbable entre ces trois personnages cabossés par la vie, dont on découvre petit à petit le passé douloureux. Chacun a vécu des moments difficiles et porte ses secrets, dont la présence des deux autres va, peu à peu, leur permettre de se libérer.
Le sujet est dans l’air du temps. L’envie d’un nouveau départ, d’une nouvelle vie, à la campagne de préférence, entourés de personnes authentiques qui nous aimeraient pour ce que nous sommes et avec qui nous tisserions des liens plus forts que ceux du sang, voici en résumé le propos de ce roman.
Julien Rampin a choisi, je le disais, de s’attacher tour à tour à chacun des trois personnages plutôt qu’à leur rencontre elle-même, à l’évolution de leur relation et à leur quotidien. J’ai un peu regretté de ne pas en apprendre davantage sur la façon dont ils s’étaient apprivoisés, dont était né leur attachement. L’amitié-amour qui les unit semble particulièrement fort, unique, mais je l’ai trouvé un peu artificiel, imposé au lecteur, en quelque sorte, sans lui en avoir vraiment raconté les étapes…
En fin d’ouvrage, l’auteur mentionne l’insistance de son éditrice à lui faire appliquer un des préceptes fondamentaux de l’écriture de fiction : « Show, don’t tell » (Montrer, plutôt que raconter). Il me semble en effet que mettre les personnages davantage en scène, plutôt que de se focaliser sur leur passé et leurs questionnements, m’aurait certainement permis de m’y attacher davantage. Un peu plus d’action, de dialogues, de scènes de vie m’auraient aidée à mieux m’immerger dans l’histoire. J’ai, par moment, été frustrée de ne pas me sentir aussi émue ou concernée que j’aurais normalement dû l’être.
Il s’agit, cependant, d’un premier roman, aussi pardonnera-t-on cette petite faiblesse de narration. L’écriture est simple et agréable, et on sent bien que l’auteur a mis dans cette jolie histoire énormément de lui-même, dans le personnage de Lucas, notamment. Mention spéciale, enfin, à la couverture fleurie que je trouve particulièrement réussie.
Un premier roman non dénué de charme, donc.
J’attendrai le suivant avec curiosité.
Catherine Rolland
Grandir un peu - Julien Rampin - éditions Charleston - 03/2021 - 253 pages
Retrouvez Catherine Rolland sur son blog : www.catherine-rolland.com
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